
Pourriez-vous présenter le projet eion ?
Guillaume Stricher : L’idée d’eion est parti de sites internet, des books en ligne créés pour les créatifs des arts visuels pour qu’ils puissent montrer leur travail rapidement et de façon convenable. Face à la diversité et la richesse du contenu ajouté par les utilisateurs de ces books sur eion, qu’ils soient peintres, designers, architectes, photographes, graveurs, graphistes, illustrateurs, étudiants en arts visuels et pour répondre à la question de l’accès à ce contenu du grand public, qui souvent connait mal tous ces métiers, eion a évolué de sites isolés les uns des autres, vers une plateforme unifiée, développée sur mobile et sur le web, afin de faciliter l’accès à tous, grand public et créatifs, aux arts visuels.

Il existe de très nombreux réseaux sociaux. Quelle est la spécificité de ce réseau social et quel serait l’intérêt d’un créatif de rejoindre ?
Guillaume Stricher : L’image est au cœur d’eion. Une image c’est d’abord une rencontre avec un créateur qu’il soit amateur ou professionnel. C’est ce moment unique qu’on a tous connu, où on va plonger dans le regard de l’autre. Évidemment plus le créateur est maître de sa technique plus l’illusion est grande, plus cette image que vous regardez va créer une émotion et vous faire voyager. C’est cette magie fabriquée par les créateurs qu’on veut faire ressentir au visiteur quand il découvre des images et qu’il utilise eion. C’est ces outils de mise en scène qu’on redonne aux créatifs pour qu’ils puissent mettre en scène leurs images et faire en sorte que la magie, cette rencontre puisse avoir lieu avec leur public. On a beaucoup travaillé sur ça en proposant une application complètement différente a tout point de vue. On se positionne comme une nouvelle génération d’applications d’image plus immersive, plus complète et plus exigeante. Une application faite par des créatifs pour les créatifs, pour leurs diffuseurs et pour le grand public.
On constate à eion qu’avec ce format d’application et de présentation totalement nouveau qu’on a mis en place, que les créatifs publient d’autres types d’images sur eion, plus travaillées et qu’ils ne publient pas ailleurs. C’est pour nous une grande satisfaction de voir que ces créatifs nous font confiance et utilisent eion pour montrer leurs plus belles images.

Quel est le public visé ?
Guillaume Stricher : Les créatifs, tout d’abord.
Ils exercent dans de nombreux métiers des arts visuels, font partie d’une grande famille, mais sont souvent très isolé les uns des autres et bénéficient d’une diffusion restreinte dans le monde physique, diffusion gérée par ce qu’on appelle les diffuseurs. Ces diffuseurs sont peu nombreux, que l’on peut résumer par les musées, les agents, des lieux tiers et les galeries, sont très difficilement accessibles aux créatifs car pris dans des enjeux compliqués du fait de leur nombre restreint. C’est la raison pour laquelle ces créatifs ont massivement investi les réseaux sociaux. Mais là se posent deux nouveaux problèmes: soit ils publient sur des plateformes très spécialisées dans un domaine, en graphisme ou en photo par exemple, sur lesquelles le grand public, leurs proches et leurs amis ne vont jamais, soit ils publient sur des plateformes très généralistes dans lesquelles leur images sont diluées dans une avalanche d’informations.
Ils sont donc pris entre le marteau et l’enclume.
Le risque, si rien n’est fait, est de voir le statut déjà compliqué de tous ces créatifs, véritables entrepreneurs des arts visuels, vampirisés du fait qu’ils sont isolés et mal représentés. Il créent de la valeur mais celle-ci leur échappe dans une proportion plus au moins grande. Enlevez les créatifs des grands réseaux sociaux et c’est tout de suite moins intéressant.
Les diffuseurs d’autre part.
Là où ils maitrisent la diffusion des créatifs dans le monde physique, une grande part de ce contenu qu’ils défendent manque de visibilité claire ou leur échappe sur internet. Là aussi le contenu est morcelé sur une myriade de sites de galeries, de fondations, de musées, de centres d’art, d’agents et c’est un vrai parcours du combattant pour le grand public d’accéder à ce contenu. Le risque pour eux est de voir l’émergence de nouveaux acteurs qui vont là aussi vampiriser leur activité en utilisant toute la puissance du web pour faire baisser les coûts. Il faut revenir aux fondamentaux et montrer correctement, valoriser, à un endroit facilement accessible et identifié, la qualité de la démarche de tous ces acteurs, qu’il soient créatifs ou diffuseurs.

Quels sont les créatifs visés ?
Guillaume Stricher : On aimerait rajouter un jour de la musique sur eion pour accompagner les images et on s’est posé plusieurs fois la question, mais rapidement on tombe dans des problèmes de droits d’auteurs qui diffèrent et de catalogues qui changent en fonction des pays.
On peut faire un parallèle entre la situation des créatifs des arts visuels aujourd’hui avec le monde de la musique d’il y a 10 ans: l’explosion des contenus accessibles sur internet, la forte dépendance à des diffuseurs traditionnels et l’émergence de nouveaux acteurs qui sont apparus sur le web. C’est ce qu’on cherche à faire à eion, au sein d’une grande plateforme dédiée non pas à la musique, mais aux arts visuels pour valoriser le travail des créatifs et de leurs diffuseurs.
Mais l’expérience proposée par eion et là aussi assez proche de la musique, publiez instantanément, créez un book, une collection, une exposition dans l’application en 5 minutes puis partagez la sur le web. C’est fun, beau, rapide et c’est une vraie expérience visuelle, une immersion dans un univers. C’est comme plonger au cœur de l’image. C’est une vrai rencontre. L’impact de l’image est plus fort qu’ailleurs, « Ça claque ! » revient souvent dans les échanges quand les gens découvrent l’application pour la première fois.

Quel est le modèle économique ?
Guillaume Stricher : Un utilisateur sur eion peut publier une image toutes les 24 heures. Vous publiez à 14h15 le mardi, le mercredi à 14h15 vous recevez une notification vous indiquant que vous pouvez publier une nouvelle image. C’est un rythme de publication quotidien qui satisfait la plupart des usages et incite les utilisateurs à réfléchir à la prochaine image qu’ils vont publier. On veut éviter la publication compulsive. C’est un moyen aussi de se familiariser avec tous les outils qu’on met à disposition gratuitement dans l’application. On compte environ 5 applications différentes dans eion : Une plateforme, des outils de retouche d’image, un appareil photo, un navigateur de photothèque, des outils pour créer des nouvelles images: compos, collabs, et collages. Si l’utilisateur veut publier plus d’images et ne plus avoir de limite de publication à une image par jour, alors nous proposons un abonnement mensuel récurrent vraisemblablement à 4,99€ par mois. eion sera gratuit pour les étudiants en arts visuels.

Comment fonctionne la gestion des droits d’auteur et leur protection ?
Guillaume Stricher : Avec cette barrière à une publication toutes les 24 heures, on limite déjà les publications compulsives et un flux trop important d’images. On ne peut pas faire une plateforme dédiée aux créatifs digne de ce nom sans protéger leurs droits d’auteurs. On a proactivement intégré à nos CGU la directive européenne sur le droit d’auteur, avant même son entré en vigueur. Nous avons un statut d’éditeur diffuseur qui nous responsabilise juridiquement sur le droit d’auteur et les contenus publiés sur eion à la différence d’autres plateformes qui sont simples hébergeurs de contenu et se déresponsabilisent de la protection du droit d’auteur. C’est une différence très importante que nous avons en tant que plateforme avec les réseaux sociaux. A chaque fois qu’une personne publie une image sur eion, une fenêtre lui indique qu’il doit être bien détenteur des droits d’auteur pour cette images ou de diffusion. eion interdit la publication d’images dont vous n’êtes pas l’auteur ou dont vous ne détenez pas des droits de diffusion. En cas de litige, nous sommes tenus d’intervenir rapidement. On a pu constater, par cette mise en place simple, que plusieurs personnes ont modifié leur image d’avatar en utilisant une image qu’ils avaient bien créé et dont ils étaient l’auteur. A chaque publication on envoie également une récépissé, une confirmation de publication d’image par mail à son auteur avec la date et l’heure à laquelle son image a été publiée, de façon à avoir une antériorité sur qui a publié et à quelle date. La prochaine étape consistera à pouvoir choisir pour quelqu’un qui publie une image quel type de licence il veut donner à son image.

Quelle est la fenêtre de tir pour la sortie de la beta ?
Guillaume Stricher : Nous sommes encore en beta fermée tout l’été avec une sortie prévue en septembre, si tout se passe bien et qu’il n’y a pas de nouvelle crise d’ici là. Si vous êtes créatif ou diffuseur, vous pouvez vous inscrire à la beta et ainsi tester l’application en avant première en vous rendant à l’adresse https://www.eion.io/beta-invitation.html Notre capacité d’accueil étant encore limité, nous examinons chaque demande au cas par cas. Mais entrer sur eion aujourd’hui, alors que nous sommes encore en accès restreint est très excitant en donnant un accès privilégié et exclusif à un nouvel outil de diffusion et de publication sur mobile et sur le web.
Quelle est la roadmap pour les futurs développements ?
Guillaume Stricher : On va faire de nombreuses itérations techniques par versions une fois que l’app sera disponible dans l’app store. Il y a quelques secrets dont on ne va pas parler ici mais nous souhaitons aller plus loin sur la caméra en proposant encore plus de choix, notamment au niveau des formats de développement et du traitement des images. On souhaite aller plus loin sur la protection du droit d’auteur en ajoutant des modules qui permettent aux utilisateurs de signer leurs images. On a aussi une application pour Mac, mais je ne peux pas encore trop en parler. Au niveau de la diffusion nous souhaiterions pouvoir travailler et accueillir les musées et s’engager mutuellement dans une relation durable et de confiance. Ces diffuseurs ont un patrimoine qui n’est pas visible car pas présenté au public et ont des contraintes de gestion physiques de leurs expositions et d’accueil de public compliquées. On a inauguré à eion il y a peu de temps, pour les nouvelles versions des sites internet, une nouvelle ligne éditoriale dans laquelle on présente du contenu issu de créateurs passés, véritables trésors méconnus de notre patrimoine et de notre culture, dont les images sont libres de droit et font partie du domaine public. On a ainsi créé de nouveaux profils, de nouvelles collections et publié de nouvelles images du travail de personnalités et de métiers aussi différentes que Dorothy Lange, photographe américaine (http://dorothea-lange.eion.it), Eero Saarinen, architecte et designer américain d’origine finlandaise (http://saarinen.eion.it), Hokusai, dessinateur japonais du XIX ème siècle auteur de la célèbre Grande vague (http://katsushika-hokusai.eion.it). Faire connaitre la richesse, la diversité de tous ces créateurs et tout le travail extraordinaire fait par tous les diffuseurs qui soutiennent la création depuis des siècles, voilà une grande partie de notre roadmap non technique. Et on mettra toute l’énergie et tous les outils techniques qu’il faut pour que cette rencontre puisse se faire entre tous ces acteurs et avec le grand public.
Pour plus d’informations
eion.io